Les demandes d’indemnisation des victimes de pesticides explosent
Le nombre de personnes victimes de maladies en lien avec les produits phytosanitaires ayant demandé une reconnaissance auprès du fonds d’indemnisation a connu une forte hausse en 2024.
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Le nombre de victimes de maladies professionnelles en lien avec les phytos reconnus monte en flèche. D’après le rapport annuel du Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) publié le 29 août 2025, « les instances médicales ont instruit + 42,8 % de demandes d’exposition directe aux pesticides et + 100 % de demandes d’exposition prénatale ».
Au total, 978 demandes ont été déposées en 2024, contre 681 en 2023, 650 en 2022 et 326 en 2021. Avec 20 dossiers déposés par semaine, contre 14 l’année précédente, la forte croissance pour l’année 2024 témoigne de la dynamique du Fonds. « Les chiffres confirment le rôle déterminant que joue le FIVP dans le système de reconnaissance des maladies professionnelles en lien avec les pesticides », salue Anne-Laure Torresin, directrice du Fonds.
Sept demandeurs sur dix sont des agriculteurs, dont un tiers en polyculture-élevage, devant ceux en cultures céréalières et légumineuses (13 % des demandes) et en viticulture (10 %).
La moitié sont des retraités
Les victimes restent majoritairement des hommes qui « concentrent quasi exclusivement les indemnisations 2024 [9 demandes sur 10] ; ce sont des retraités pour plus de la moitié d’entre eux. » Cette spécificité s’explique d’abord par la forte prégnance des hommes dans le monde agricole (75 % des chefs d’exploitation) et des maladies reconnus : quatre demandes sur dix (qui remplissent les critères des tableaux de maladie professionnelle) concernent le cancer de la prostate. Viennent ensuite l’hémopathie maligne et la maladie de Parkinson.
En 2024, 169 demandes ont été déposées auprès du Fonds pour des pathologies non inscrites dans les tableaux de maladies professionnelles. Elles peuvent recouvrir différentes pathologies qui n’ont pas été officiellement reconnues comme étant en lien avec les pesticides. Mais peuvent, ponctuellement être considérées comme telle par le Comité de reconnaissance des maladies professionnelles dédié aux pesticides (CRMP).
9 demandes sur 10 favorables
« Presque 9 décisions sur 10 sont en faveur de la reconnaissance du caractère professionnel de la maladie à la suite d'une exposition aux pesticides », souligne le FIVP. L’Armorique est en tête des régions les plus concernées par les demandes devant le Maine-et-Loire, la Bourgogne, les Alpes-Vaucluse et la Martinique. Les demandes pour les expositions durant la période prénatale en 2024 ont été multipliées par deux. Elles concernent 20 dossiers cette année. « La part des demandes issues des ayants droit (lorsque la victime est décédée) reste stable à 5,22 % » des dossiers, note le FIVP.
Délai d’instruction plus rapide
Malgré cette hausse des demandes, la MSA Mayenne Orne Sarthe, qui instruit les dossiers du FIVP, a diminué le délai d’instruction qui est d’environ quatre mois, de 7 %. Le FIVP explique cette efficacité par « un circuit court de transmission des dossiers, l’accompagnement des demandeurs par les équipes administratives pour la complétude des dossiers, le renforcement des effectifs des équipes médicales, la création de tableaux de maladies professionnelles et des processus maîtrisés de versement des indemnités. »
L’association Phyto-Victimes, qui accompagne les agriculteurs dans leur démarche, a salué « la qualité opérationnelle des équipes du FIVP » qui a « su répondre à cette grosse augmentation tout en réduisant les délais d’instruction des dossiers ». Mais elle déplore « une communication en berne » de la part des institutions, malgré « l’écho des combats judiciaires » de la part de « nombreux médias ».
Constatant un « manque de transparence » sur la partie financière, l’association, membre du conseil de gestion, a voté contre le rapport d’activité. Le montant total des indemnisations a été estimé à 18,7 millions d’euros, dépassant « légèrement » le montant des recettes.
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